lundi 17 janvier 2011

Des histoires sans mots

C'est comme je ne sais plus écrire. Quand je regarde l'ordinateur, un malaise me saisit, les pensées se brouillent, l'élan se voltige, un malheur me paralyse et je ferme lentement le couvercle de l'ordi. Je sens vaguement mal. Pas très mal, ce n'est pas la fin du monde, mais ce n'est pas bon.

Quand j'ai commencé ce projet, j'ai maintes choses à dire. J'ai découvert que je pouvais dresser en mots mon propre portrait. A vrai dire, je ne me suis jamais attendu que ce serait possible. Quand je parle aux autres, mes mots n'arrivent guère aux oreilles ou on me les rend dans un état où le sens a été si tordu, manipulé, déformé que je me sentais aussi manipulé que mes mots. Quand même, depuis plus d'un mois, bien que je pense avoir bien écrit, je n'en sens plus capable. Je ne sais si j'ai perdu mon équilibre entre le réel et l'imaginaire ou si je suis désormais trop équilibré pour risquer un récit. Je ne sais si avant j'étais bien éloigné de mon récit pour en écrire ou si je pouvais revivre l'expérience sans me faire mal. En tout cas, je me sens trop exposé et vulnérable pour terminer un billet. C'est-à-dire entre l'Echo et le Narcisse dans mon âme, je n'arrive plus à faire sortir l'histoire.

En attendant, je vous dis ce qui m'est arrivé.

Victoire, notre chat, est morte.

Je deviens férocement cynique en face de la méchanceté au point que je montre les dents.

Chouchou et moi avons passé Noël et la nouvelle année ensemble sans avoir vu nos familles. Je suis allé voir mon oncle et ma famille adoptive.

J'étais plutôt inquiet sur mon travail, parce que le contrat qui me fournit la majorité de mon travail a dû être renouvelé et regagné. D, le patron pour qui j'ai travaillé jour et nuit m'a accusé de ne pas m'intéresser suffisamment à son projet.

Nous avons acheté une nouvelle machine à espresso, una bella machina, la Pavoni !

Je pense que je souffre de la déshydratation chronique. J'ai eu deux attaques de suite de la goutte.

J'ai assisté à la fête de la fin de l'année de notre compagnie qui m'a fait perdre la tête.

Je pense que mon avenir n'était pas ce qu'il a été. C'est-à-dire les week-ends semblent de plus en plus courts et les semaines de plus en plus longs jusqu'à ce que je ne puisse pas distinguer le temps libre du temps voué au travail, bien que je ne travaille que 40 heures par semaine.

Les États-Unis ont souffert encore une fois un massacre.

L'association que je dirige a eu deux réunions qui m'ont plu et dire que je voulais démissionner.

Il fait très froid à Washington, plus froid que d'habitude. Je reste à la maison et deviens un peu claustrophobe.

Pour équilibrer le bon et le mauvais, je cherche toujours des activités dans ma vraie vie. Je marche parfois plus d'une heure par jour dans les parcs de Washington, DC et dans la ville. Je m'efforce de lire plus et parfois à haute voix. J'essaie de chanter (soyez soulagé que vous n'êtes pas mon voisin !). Au début, je voulais chanter ensemble avec Chouchou. Je chanterais la voix basse, elle la mélodie, mais elle ne chante plus. Elle est paresseuse !

Chaque phrase que j'ai écrite dissimule l'histoire d'une découverte, d'un malheur ou d'un bonheur. Même le résumé de ce qui m'est arrivé contient le début de l'histoire de ma lutte de me libérer du monde qui m'entoure, de trouver ma propre voix qui est plutôt faible et réfractaire aux efforts de la faire chanter. Mais comme je disais au début de ce billet, entre l'image dans le miroir et l'écho de tout ce bruit dans ma vie, je me sens incapable d'écrire comme avant. Du coup, je vous laisse ce billet des histoires sans mots.