dimanche 6 mars 2011

Des amours d'une nuit ou plus en six mots

Je n'ai jamais rêvé d'avoir un amour d'une nuit. Que j'étais tout seul avec un amour imaginaire ou que dans une nuit d'été dans un bar j'ai rencontré le regard d'une jeune femme qui m'a suivi jusqu'au seuil d'un appartement, je n'en dirais rien sur les nuits où je n'ai pu dormir. D'ailleurs, je ne m'intéresse pas à rappeler le temps où je tombais amoureux si vite et profondément que je me perdais dans une rêverie douce et heureuse pendant des heures, jours, mois et ans. Si j'ai un brin de nostalgie sur ces temps, c'est l'inventivité perpétuelle de mon imagination. Hélas comment je m'enlise dans la routine, et je ne parle même pas du travail. C'est mes loisirs, mon étude du français, la lecture des journaux, la culture contemporaine, tout cela m'ennuie et m'assourdit tellement que je me sens abruti. Parfois Chouchou me demande des questions comme « Tu veux aller dîner ? » et je réponds mécaniquement « Sais pas. » Quand je parle, j'entends faire ma voix les mêmes intonations dans les mêmes interrogations et les mêmes plaintes. Je me demande qui va s'intéresser à moi, si mon esprit s'éloigne et s'absente de mon corps. Je pense l'entendre me dire « Mais pourquoi tu te laisses t'enliser dans la routine ? Invente quelque chose ! »

Malgré cette commande, je retourne aux vieilles habitudes. Je continue à faire des listes d'articles pour parler aux correspondants Skype qui m'ont abandonné il y a longtemps. Pourquoi collectionner des articles sur le multiculturalisme, une biographie de Cioran, la peine de mort, les voyants, les izakaya, la folie des parents qui prennent une photo de leurs enfants à chaque instant, la mort agonisante de Little Italy à la ville de New York, la situation désespérée des syndicats publics américains et des pauvres gens dans le Vermont, et enfin des fumeurs à la ville de New York qui font pousser du tabac dans leur jardin pour rebeller contre une société qui veut les écraser comme on éteint un mégot dans un cendrier ? Dès que je prononce une phrase comme « J'ai lu dans Le Monde ou dans le New York Times, que ... » je peux voir que l'élan spontanément né dans mes propos irait se heurter à un mur d'indifférence ou d'ignorance. Je m'arc-boute contre le choc, le sourire s'estompe un peu et ensuite j'entre dans le moule.

Mais ce soir je veux écrire quelque chose de nouveau, de ludique. Je vous propose un simple exercice que j'ai trouvé dans le New York Times. Écrivez pour vous-mêmes, si cela vous tente, d'écrire une histoire d'amour en six mots.

En voilà trois.

Avec les mots, j'étais toujours timide.

Moments, heureux près d'elle, tristes loin.

Paulun, Sir-Vent, moi mitoyen, Pauldeux, Suivant

Et alors, il ne me reste que quelques lignes pour décrire toute ma vie amoureuse. Et vous ? Combien de lignes avez-vous à écrire ?