mardi 28 septembre 2010

Un appartement loué à New York

Hier je suis arrivé au bureau à 9h5, inquiet, en raison d'une réunion téléphonique avec D. J'ai demandé à ma voisine si elle a entendu sonner le téléphone. Elle a dit que non. J'en étais soulagé, juste un instant, avant que le téléphone n'ait sonné. D m'a dit qu'il ne pouvait me donner de nouveaux ordres. En attendant, il fallait travailler en mettant sur le compte d'un autre projet. Je lui ai dit que ce n'était pas un problème, j'avais beaucoup de travail, tout ce qui était en retard.

A 16h30 D a eu assez de temps pour me donner de nouveaux ordres. Dimanche, le mec, qui est en charge de l'assurance de qualité de notre document, a révisé nos efforts. Nous devons répondre aux commentaires, alors que D écrit le troisième chapitre, mais si je vois un commentaire qui mette en cause notre méthode décrite dans le chapitre que j'ai écrit et D a ré-écrit, il faut le dire et tout de suite.

J'ai envoyé à D un commentaire sur tous les commentaires à 20h30 et une demi-heure plus tard j'ai quitté le bureau.

Rentré à la maison à 9h40, j'ai ouvert mon compte de courriel. A 21h30, D m'a répondu. Il faut nous réunir demain matin pour en parler.

Grosso modo, je suis surchargé au travail et hier soir mon esprit m'a fait voir sa vision de mon nouvel état. Dans un rêve, je venais de m'installer à New York au prétexte d'un nouvel emploi. En rentrant à l’appartement, j'ai traversé la ville grise et morne. Les gigantesques bâtiments couverts d'une sueur grasse m'ont dominé de toute leur hauteur. Je marchais la tête baissée en cherchant l'appartement quand une femme m'a fait tourné la tête par le poids de son regard alourdi de dégoût et de désir. Dans ses yeux j'ai lu sa question, « Voulez-vous troquer un peu de votre argent contre mon chair ? Ne soyez pas si moralisant ! Ce n'est qu'un petit péché dans un grand monde. » J'ai reculé comme si d'instinct et puis je l'ai regardé pour lui dire « Non, désolé. » Je ne peux pas louer la chair d'une femme.

Je l'a quittée et cherchais encore le bâtiment. J'ai monté des escaliers et les ai descendus. Il semble que je savais où se trouvait l'appartement, mais le chemin tortueux me menait devant les yeux des personnes désœuvrées qui me regardaient comme la prostituée, comme un homme qui ne désire que la cambrure d'une femme. Et après les avoir échappés, ils m'en voulaient.

Je suis entré dans l'appartement. Le salon était en désordre total, vêtements éparpillés partout, un cendrier plein de cendres, des verres demi pleins, et une odeur qui persistait. Mon co-locataire dont je ne connaissais rien, étais étendu sur un canapé. Il m'a dit qu'il venait de retourner et qu'il n'est pas allé au travail. Il était trop fatigué. Il a ensuite annoncé qu'il a trouvé un autre appartement avec un ami. Il allait me quitter dans un mois. Je me suis rendu compte que malgré sa paresse, son manque d'hygiène et son apparence débraillée, je comptais sur lui de payer une moitié du loyer. Maintenant il fallait chercher un co-locataire; je ne pouvais le payer tout seul. Un co-locataire ! « Où allais-je en trouver un ? » je lui ai demandé. Il n'en avait aucune idée. Selon lui grâce à ma bonne mine, j'avais de la chance de trouver un appartement avec lui. En contrepartie, il m'a fait voir la nouvelle installation des barres dans l'enceinte de la fenêtre. « Ces mesures de sécurité ne marcheront pas. Le propriétaire en a acheté des trucs inefficaces et bon marché. Bonne chance. »

Je suis entré dans ma chambre. En fermant la porte, je me suis réveillé.

C'était environs 4 heures du matin. Mon Dieu, un co-locataire, quel cauchemar ! Mais tout cela était "réel" et faux. Quand j'étais étudiant, j'étais surmené, pauvre. J'ai vécu avec des co-locataires trouvés dans les petits annonces, l'un après l'autre était plus pénible que le précédent. Et aujourd'hui je suis retourné à cet état dans lequel je me sens avoir troqué ma vie contre mon désir de faire plaire à mon employeur.

Je sais, c'est sombre ce billet, mais j'étais content d'avoir ce rêve. De plus en plus souvent quand j'essaie d'écrire, la silhouette de mes pensées ne se dessine pas. Dans un rêve, même dans un cauchemar, l'inconscient fait tout. Il ne faut que transcrire l'image de son propre conte de fées.

Chose curieuse ! Aujourd'hui après avoir parler à D pendant une heure sur toutes les révisions du texte, j'ai lu un courriel du président de notre compagnie. Notre bail n'a pas été renouvelé. Notre compagnie vont déménager. Nous allons nous installer dans une région de Washington, DC qui est plus grise et morne, où la violence est plus fréquente, mais qui est en train de développement. C'est-à-dire on va troquer les désœuvrés contre les personnes qui ont bonne mine.

7 commentaires:

Colo a dit…

Bonjour Go, trop de boulot et sans doute de préoccupations pour toi en ce moment...courage et ìdées claires!
Je suis fort attachée aux liens entre le rêve et la réalité; tu le montres très bien, ils ne font qu'un et vouloir les démêler semble un peu absurde, tu ne crois pas?
Quant aux colocataires, j'ai beaucoup connu ça aussi et tu sais, le centre des conflits était presque toujours....la glacière! Comme c'est trivial!!! Amicalement.

Delphine a dit…

Tes rêves t'apportent-ils plus de satisfaction que la réalité? Courage pour la suite en tout cas... PS: Ca fait quelques jours que je me demandes quels articles (protocoles?) tu écris... Peux-tu nous éclairer un tout petit peu cher voisin?

Anonyme a dit…

bonjour Go. Vous êtes courageux.

Vous parlez de la négligence : "Ce n'est qu'un petit péché dans un grand monde." ;-) vous avez raison il faut ressusciter Shakespeare ! son œuvre est la conscience du monde. (me voilà grandiloquente ! )
Ne sommes nous pas tous des coloca-terre, sur cette planète qui ne nous appartient pas. Nos rêves sont là pour nous sortir de nous-mêmes...
Amicalement

Anonyme a dit…

je réponds ici à votre question chez moi. un fond de tristesse chez vous ? oui bien sûr.. j'ai l'impression que Vous êtes un peu en exil dans votre vie : mais je préfère ce fond de tristesse (parce qu'elle est vraie) à une fausse bonne humeur et en plus vous en faites quelque chose : vous observez les gens qui vous entourent, vous vous observez non sans humour ! et surtout vous laissez libre cours à votre imagination et votre fantaisie. je crois qu'on ne peut pas ignorer sa tristesse quand elle existe. on ne peut pas passer au dessus pour faire comme si...il vaut mieux la traverser, et lui faire cracher ce qu'elle a dans le ventre. amicalement

Edmée De Xhavée a dit…

Aaaargh! Je viens de laisser un long commentaire, qui n'a pas voulu s'enregistrer... Engin monstrueux!

C'est la même squeezing machine qui opère dans ta compagnie que dans la mienne, on dirait...

Courage, le co-loctaire, lui, n'était qu'un mauvais rêve!

Ren a dit…

Bonjour Colo, Delphine, Carole, et Edmée, je vous demande pardon. Je me suis absenté toute la semaine, perdu dans mon travail, un travail qui n'a rien à voir avec les protocoles des avocats. C'est un petit peu, n'est-ce pas ? :) Mais, tôt ou tard, je vais vendre la mèche.

Quant aux rêves, j'apprécie ce don inattendu de créer un monde d'une nuit. Qui peut dire non à un tel voyage ?

Merci bien de vos visites.
Amicalement

Rosette ou Rosie, c'est pareil a dit…

Comme je me suis ennuyée de tes écrits et de ton humour décapant, Go!

Juste un petit clin d'oeil en passant pour te faire la bise et te faire aussi savoir que je suis toujours vivante...

Comme mentionné dans mon billet d'hier, je compte revenir rendre visite plus fréquemment aux blogues-amis vers la fin du mois... Enfin, je l'espère bien!

Grosses bises à toi et à toute ta belle famille!