Le week-end s'est envolé. Je l'ai passé à somnoler sur le canapé. Je suis si fatigué que lire le journal me semble un exploit herculéen. Deux semaines se sont écoulées sans avoir écrit un seul billet. Je voulais nager à la surface, trouver un asile dans le tourbillon, et parfois j'ai pu me hisser sur une petite île du temps, mais vite la fatigue et le sommeil ont mis fin au jour et j'ai dû tomber dans les bras de Morphée pour être bercé quelques heures. Des heures qui ne duraient jamais assez longtemps. Le prochain jour, j'étais au travail à 9 heures, et si j'avais de la chance, je rentrais avant 21 heures. Sinon, je rentrais à 23 ou 24 heures.
J'espère que les jours les plus durs se sont passés. Juste pour vérifer que la dernière phrase n'était pas un voex pieux, j'ai ouvert mon compte courriel au bureau. D n'a pas envoyé un message ce week-end. Je suis libre ! Au moins je serai libre après huit heures de travail. Libre ! Libre pour me demander ce que je fais dans ma vie, pourquoi je m'ennuie tout le temps, et comment je peux mener une vie plus simple et enfin arriver dans un équilibre tranquille sans ces questions bouleversantes.
Mais en effet, délester un peu dans ce déluge de travail, de stress, et de fatigue, c'était un soulagement. Les questions sur mon avenir, les questions existentielles, les chateaux en Espagne, l'imagination, j'ai tout lâché à l'eau. Et en contre-partie, j'ai regardé plus de télévision, de la télévision idiote. Tout d'un coup le match de football américain entre Washington et Green Bay m'a semblé très intéressant, et au même temps c'était juste pour ne penser à rien. Et ne penser à rien, c'est fermer lentement les yeux, c'est essayer de les rouvrir, c'est les laisser fermer en se disant qu'on est au bout du rouleau et demain on pourrait se remettrait en selle, peut-être.
Et maintenant, j'essaie d'écrire une paragraphe. Je n'ai besoin que de quelques mots qui auraient un soupçon de lien à une silhouette d'une idée qui intéresserait à un lecteur ou une lectrice au lieu de faire voir de toute évidence que cette idée fait dire à tout le monde une phrase qui vient de plus en plus vite à ma bouche, N'importe quoi ! Et si vous savez comment je déteste cette phrase qui répresente la fin de la patience et le commencement de l'abrutissement. Et voilà, la fin de la dernière paragraphe de ce billet. Je suis au bout du bouleau. Je n'ai rien plus à dire. Et qu'est-ce qui j'ai trouvé dans cet essai ?
Qu'au-dessous de l'énorme poids de la fatigue qu'un homme aussi bizarre comme moi peut enfin rejoindre la plupart de l'humanité qui ne veulent rien de plus que de voir un match de foot un dimanche après-midi et puis terminer son billet en se disant n'importe quoi.
Une jolie Hollandonésienne…
Il y a 16 heures
16 commentaires:
C'est que tu es bien las d'attendre Godot qui ne semble pas venir... Mais est-ce bien Godot qu'il faut attendre?
As-tu tant de deadlines à respecter pour avoir des horaires pareils? Ou est-ce ton chef qui se décharge sur toi parce que tu n'as pas encore réagi? Simple question. Je te souhaite de tout coeur de retrouver la force et l'envie des belles choses, elles donnent déjà un sens à la vie. Courage Go, le printemps engourdit et pèse sur nos épaules aussi, mais après vient l'hiver et puis le printemps...
"Le jour tombe. Un grand apaisement se fait dans les pauvres esprits fatigués du labeur de la journée; et leurs pensées prennent maintenant les couleurs tendres et indécises du crépuscule."
Baudelaire (Crépuscule du soir)
Que l'équilibre est difficile Go! Ça me rappelle une époque de ma vie où je terminais, vers minuit, de corriger des copies en pleurant`de fatigue.
Vendrán tiempos mejores amigo. Amicalement.
Bonsoir Delphine, je suis las à force de travailler jour et nuit. La raison pour la surcharge de travail est que D pensait bien d'embaucher quelqu'un d'autre pendant l'été, mais quand cela ne lui a arrangé pas, il m'a demandé de travailler jour et nuit pour terminer son travail. Pendant que je travaille à son compte, j'essaie de travailler pour mon projet de longue date, celui auquel on peut m'accuser de ne pas avoir suffisamment réagi, parce que... si j'ai le temps, j'en écrirai.
Vendredi matin, je suis allé voir mon chef pour parler de mes défaillances. Elle m'a dit que je n'étais qu'humain. J'étais surpris d'être si vite absous... j'ai de la chance que mon chef comprend bien que l'équilibre est très difficile parfois. Elle en sait quelque chose. Son mari, qui n'avait qu'une cinquantaine d'années, est mort il y a un mois.
Bonsoir Colo, en fait, le travail d'un prof semble incroyablement difficile. J'aime bien la citation de Baudelaire. C'est bien plus beau que mon billet et il arrive exactement où je voulais aller.
Alors, qu'est-ce que j'attends ? los tiempos mejores ? Godot ? Un équilibre ? Un rythme à la vie plus naturel que le mien ?
Oui, mais pour l'instant, c'est juste vos commentaires et l'amitié qui les accompagne. Merci.
c'est quand même ahurissant cette histoire ! travailler jour et nuit pour un patron !? putain ! merde ! fait chier ! voilà ! c'est tout ce que j'ai à dire !! GGGRRRRR! ;-)
Bonjour Carole ! J'attends vos commentaires aussi ! :) Merci pour votre visite.
Go, ta réponse m'inquiète là. Il faut que tu lèves sérieusement le pied et que tu mettes poliment les limites auprès de ton employeur: à force de travailler pour deux ou trois, on devient improductif et on risque le burn-out, sérieux. C'est une professionnelle qui te le dit. Ton employeur devrait comprendre ça. T'en fais pas va, quand je faisais des nuits pour mes enfants bébés, les séries me tenaient éveillées grâce à leur suspens; de même les romans policiers. Même pas honte. Quand la fatigue est trop grande... Courage, courage et repose-toi sans scrupules va. Les châteaux et les projets attendront que tu sois en forme; mais tu titilles quand même sérieusement ma curiosité...
lire une belle phrase de temps en temps, regarder le ciel respirer... tout prêt.
j'ai glané ça ce soir avant de dormir :
tu connais cette troupe GO ? qu'est ce que ça vaut ?
http://www.theatregerardphilipe.com/tgp-cdn/julius-caesar
PS : t'as des choses à dire ! tu les dira au moment venu. si c'est dodo et bien dodo. te force pas trop le tempérament ... relax... ça va le faire !
ah ! pis une petite chanson pour toi, tiens :
http://www.youtube.com/watch?v=80MpC6lNp9E
Quelle horreur, Ren! Trop souvent j'entends ces histoires d'horreur ici, c'est comme si pour être valable il fallait n'être en fait valable que pour une société, et surtout pas en tant que personne. Il faut savoir tout donner ... à la compagnie XYZ.
Moi aussi on me demande de parler de ma compagnie à mon église, mon club, l'école de mes enfants, mes amis. Je me cache honteusement derrière ... je suis étrangère, moi, je n'ai rien de tout ça. En fait, je voudrais hurler mon travail c'est 8 h/jour, et pas une seconde de plus. J'oublie tout une fois la porte refermée derrière moi, je n'en parle plus, je ne voudrais d'ailleurs attirer personne d'autre dans ce traquenard :)
Courage, heureusement que ta boss, au moins, a réalisé que tu n'étais qu'humain et pas Lavorator, le robot qui travaille et travaille et travaille sans cesse grâce aux piles duracel ...
Mince ! je viens d'écrire une réponse et le maudit Blogger a tout avalé. Je me limite à dire cette fois-ci que tout va mieux. Je travaille seulement 8 ou 9 heures par jour cette semaine. Je recommence à vivre.
Merci. A bientôt.
Quelle écriture! Vous dites des phrases qui sont un enchantement: "J'ai pu me hisser sur une petite île du temps", et "Je n'ai besoin que de quelques mots qui auraient un soupçcon de lien à une silhouette d'une idée". Absolument charmant!
J'espère que vous êtes plus reposé maintenant, et je vois que les caprices de Blogger sévissent partout. Il m'est arrivé aussi de perdre des messages, ou de les voir en double. Blogger le blagueur boudeur...
Bonjour Lise, je viens de découvrir un site où l'auteur a écrit "Dans ce monde virtuel une vraie personne se trouve derrière le clavier". C'est très vrai et j'ai essayé d'y laisser un petit grain de sel, mais il faut l'écrire ici.
MERCI ! :)
Quant à ce blagueur boudeur blogueur il faut toujours copier le texte avant de faire clic sur les boutons "publier"... :)
C'est vrai que c'est assez hallucinant ce rythme de travail. Personne ne pourrait y résister...
Vos amis vous mettent en garde, avec raison!
Courage!
Bonjour Coumarine et bienvenue dans ma maison virtuelle. J'essaie de mon mieux de me rétablir. Tout va bien au travail. L'expérience m'a fait réfléchir un peu. En quelque sorte, j'ai eu besoin d'un grand effort, mais maintenant je me demande quand je me sentirai à l'aise d'écrire. Amicalement.
On perd sa vie à vouloir la gagner... Votre propos me rejoint beaucoup, même je suis aujourd'hui très loin de tout ça parce que travailleuse autonome, mais c'est du déjà-vu pour moi, pendant les nombreuses années où j'étais contractuelle ou permanente mais salariée.
N'attendez pas qu'on vous autorise à vous arrêter, n'espérez pas qu'on vous comprenne, qu'on fasse preuve d'humanité à votre égard, vous seriez déçu. Donnez honnêtement tout ce que vous pouvez de vos efforts, de votre talent, de votre temps mais pensez à vous, à vos proches, à votre santé, parce que personne n'y pensera à votre place.
Les impératifs du marché du travail, la compétition, la performance à tout prix, au péril de la santé, à tout le moins de la qualité de vie, c'est devenu la norme partout.
Il faut résister. De toutes vos forces. Une partie de votre horaire n'appartient qu'à vous, elle devrait être inatteignable, non négociable, non monnayable. C'est votre droit le plus strict. Faites-le respecter.
Je suis désolée, je dois vous paraître très sévère à la suite de mon commentaire précédent. Ça sonne comme un ordre, je trouve et je ne voulais pas qu'il en soit ainsi, c'est seulement que je connais trop cette impression de ne jamais en faire assez, de ne plus avoir de vie, d'en arriver à perdre même le goût de faire autre chose que de se laisser hypnotiser par la télé, match de foot ou autres.
Ce que je voulais vous dire surtout, c'est « prenez soin de vous, de votre santé, de votre aptitude au bonheur ».
Bonjour Zoreilles ! Pas de problème. Vous êtes libre de dire et de réagir comme vous voulez. En fait, je pense que mon billet n'est que la première partie d'une conversation.
Ma relation avec mon emploi, ouf, c'est compliqué. C'est une douce tyrannie.
Merci de votre visite.
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