lundi 3 mai 2010

N'y PENSEZ pas !

Vendredi matin en faisant chemin au métro, j'ai vu la dernière publicité d'une corporation de restauration rapide la plus douée pour la maîtrise de leur image. Sur le flanc d'un bus métro était un affiche qui contenait une photo de leur produit agro-alimentaire--un sandwich de poisson, et un poisson bleu qui disait dans une bulle

N'y
PENSEZ
même pas !

Don't even THINK about it!

Tout d'un coup, l'image m'a fait ralentir, puis je suis tombé la tête la première dans le piège. Dans une ligne, on m'a attiré l'attention avec l'hameçon « PENSEZ ». Les message global disait le contraire « Ne pensez pas. » Entre les deux extrêmes, j'étais comme le poisson du sandwich au moment où la tentation a eu raison sur lui malgré le danger certain. J'ai regardé l'affiche un instant le cerveau vide, puis je me suis secoué pour me dégourdir.

C'est vraiment un chef d'oeuvre de publicité. Il est si ludique que je ne vois pas le mal d'en acheter un, mais je sais qu'ils ont but de manipuler mon esprit d'une manière maléfique. C'est un exemple classique de la dissonance cognitive. C'est-à-dire tenir à la fois deux idées contradictoires mais qui semblent vraies. C'est presque un sortilège pour blanchir les cerveaux et éliminer la résistance saine à l'alimentation rapide. C'est comment ces corporations ont rendu la majorité de notre population obèse. L'idée est de faire oublier les qualités malsaines de la nourriture et montrer seulement l'élément ludique du produit.

La publicité m'a rappelé de la torture que j'ai inventé il y a 30 ans pour mon chien chéri, Mia. Le pauvre chien, comme je l'aimais innocemment, mais être aimé par un garçon espiègle, c'est toujours courir le risque d'une mauvaise farce.

J'ai bien remarqué que Mia adorait les friandises de cuir brut. Il avait aussi une peur bleue des bains. Si je disais « Mia, mia ! friandise ! » Il commencerait à remuer la queue, frétiller de joie, et japper de plaisir, « Oui, oui, oui ! » Si je disais « Mia, mia ! Bain ! » il serait pris de panique. Il me regarderait d'un oeil coupable et anxieux qui me demandait « Pourquoi ? »

Ô après sa mort, j'avais honte à penser à la manière dont j'abusais de l'amour innocent de mon chien, mais à l'époque rien ne m'était plus amusant de lui faire ma torture.

Un jour, j'ai découvert la dissonance cognitive par ma propre expérience sur mon chien. Pour commencer, je lui ai dit « Mia, mia ! » Il savait quelque chose allait arriver. Serait-il une friandise ? Il anticipait. Il me regardait de toute son attention. Peut-être était-ce son amour pur qui m'a poussé à inventer ce truc malveillant ? En tout cas, ce truc le tourmentait et cela m'a donné de fous rire à chaque reprise.

« Mia, mia ! Friandise-Bain ! »

Oh le pauvre chien ne savait quoi faire. Il était paralysé. Il s'est tordu la mine dans laquelle mélangeait la joie pure de la friandise et l'horreur absolue du bain. Après mon fou rire, j'ai toujours fini le jeu par lui donner une friandise en l'embrassant très fort.

Maintenant que je suis adulte, je vois que nous sommes inondés des images de dissonance cognitive qui nous paralysent quotidiennement. Par exemple, les "amis" de la toile me paralysent chaque fois qu'il me disent bonjour et puis ils deviennent injoignables ou mon président m'a rajoui quand il a reçu le prix Nobel de la paix, mais m'a mis en colère quand il est allé à Stockholm pour justifier la guerre.

La plupart du temps, on hausse les épaules, et la vie recommence. Tantôt on fait avec, tantôt on se met en révolte. Le boulot, je suis obligé de faire avec, les guerres en Iraq et en Afghanistan je suis en révolte.

Or un événement me tourmentait comme la torture « Friandise-Bain » a jadis tourmenté mon pauvre chien. C'était l'oraison de Révérend Joseph Lowery priée au sacre du président Obama. Il nous a dit:

Dieu nous vous prions de nous aider à parvenir à un avenir où

Noir ne sera plus demandé de RETOURNER
Marron peut rester ici
Jaune peut être coi
l'homme Rouge peut réussir
et blanc peut épouser la justice.

Chouchou et moi avons regardé ensemble cet homme noir de la foi chrétien et des droits civiques psalmodier cette oraison. Au dessus de nos têtes était un tableau fait en dilettante. C'est une nature morte peint par son père japonais américain quand il a étudié l'art dans l'un des camps d'internement des japonais pendant la deuxième guerre mondiale.

Il faut dire que je tenais les propos de cet homme absolument stupides. Dire qu'au moment le plus beau de notre histoire (comme on nous a dit en boucle après son élection) on a pensé bon de laisser parler un homme qui ne répétais que des anciens injures racistes de notre passé. Est-ce le progrès qu'on a tant attendu ? L'intention, je suppose, était de rappeler ces anciens injures et de souligner que notre pays contient plusieurs ethnies, ce qui justifiait cette mauvaise blague dont la chute était que les blancs manquaient encore la volonté d'établir la justice dans leur pays.

Toutes et tous, sauf les conservateurs ardents, trouvaient cette oraison magnifiquement drôle et justifié. On en admirait le style, le rythme des vers, et l'humour. Il était impossible de trouver une opinion qui voyait d'un mauvais oeil cette oraison sacrée et sainte. Moi, j'ai senti une odeur pourrie et malveillante, et jusqu'alors je ne savais pas pourquoi.

Regardons un instant le texte. N'est-il pas un chef d'oeuvre de la dissonance cognitive ? Il ranime la douleur des injures pour rallumer la haine. Un souhaite pour le salut de toutes les âmes s'absentait obstinement, n'est-ce pas ? Chaque phrase est une injure et une accusation contre un malfaiteur du passé qui est aussi assimilé aux hommes du présent à cause de la même couleur de la peau. D'ailleurs, dans la confusion absolue de la dissonance cognitive, le prêtre nous propose que l'unique solution pour en finir avec le racisme sera la reconnaissance du racisme perpétuel dans l'âme des blancs.

Le message de cette oraison est comme un verre de vodka pour les alcooliques de racisme qui sont au beau milieu de leur programme d'anti-dépendence (je ne sais comment dire "12 step programme" en français). Malgré les intentions du prêtre, la dissonance cognitive exprimée est parfaite. Pour un instant, il a tenu tout le monde sous le charme de son message.

Depuis son discours, rien n'a vraiment changé. Vous en doutez ? Je peux vous mettre à l'aise. Écoutez-moi bien, « N'y PENSEZ même pas ! »

3 commentaires:

georges a dit…

Je ne peux vous aider en rien quant à la traduction de "12 step programme" en français. Je ne sais pas de quoi vous parlez. Pour votre Président, j'ai écouté en direct son allocution. Avec tous les Noirs présents, j'ai pleuré. Mais vous avez raison : peut-être qu'il est aussi stoïque que Marc-Aurèle et qu'il fera mettre à mort des milliers de Saxons s'il le juge nécessaire. Que faisiez-vous avec Chouchou?

Ren a dit…

Merci Georges et bienvenu. Quant à mon président, je suis d'accord avec Rev. Jerermiah Wright quand il a dit que M. Obama n'était qu'un homme politique.

Mais qu'est-ce que c'est votre supposition ? C'est de la bonne foi de supposer qu'il va faire mettre à mort des milliers de Saxons ? Est-ce de la bonne foi d'imaginer que je le pense ? Dans l'autre commentaire vous avez dit que vous êtes iconoclaste. Je n'ai dit rien sur le président. Mes propos portaient sur la dissonance cognitive--une publicité, un jeu d'enfant, et l'oraison de Rev. Joseph Lowery. Faut-il éviter de parler de tout qui touche au notre nouvel icône ?

Pour prouver que je suis un 'bon' religieux à notre nouvelle église d'adoration américaine, je vous jure que j'étais ému quand j'ai écouté les vieux qui ont marché et manifesté pour leurs droits. Cela me semblait authentique. En revanche, beaucoup de choses ici me semblent absolument fausses. N'ai-je pas le droit d'être sceptique ?

Je laisse pour l'instant la question sur ma femme japonaise dont son père a été mis dans un camp d'interrment et selon Joseph Lowery maintenant 'yellow can be mellow'. Merci M. Lowery.

georges a dit…

Oui, vous avez le droit d'être sceptique, bien sûr. De nombreuses personnes le sont aussi en Europe. Mais votre Président n'est qu'un homme politique et vous avez de la chance car, le nôtre est non seulement un homme politique mais en plus un pantin!
Nous risquons tous les deux de ne pas toujours nous comprendre : nous avons des références qui sont propres au pays que nous habitons, aux radios que nous écoutons, aux journaux que nous lisons. Par exemple, je ne connais rien de M. Lowery. Quant aux Saxons, il s'agissait de Marc Aurèle, donc de guerres s'étant passées dans l'Antiquité.
Je vous prie de bien vouloir m'excuser.