jeudi 27 mai 2010

Les démons débloqués

Depuis le billet Ma vie oriental je suis descendu dans les ténèbres. Une combinaison de pressions sur moi et plus tard je n'écris plus que de mes pensées. J'arrête la narration de ma vie et je cherche une explication. Je pensais être sorti de ma nouvelle routine, mais non. Quand j'erre, c'est grave.

Les pressions qui pesaient sur moi étaient le programme l'effet Madame Butterfly, ce maudit livre The House of Mirth, l'attitude correctionnalist de Chouchou, son absence (elle avait une très mauvaise humeur force à trop de travail chez elle). Au dessous de tout cela était la vision épouvantable d'un monde où l'exclusion sociale régnait plus fort que jamais. Plus profond que cela était le fait que je ne parle plus à mes parents et je ne vois pas d'issue. Le développement émotionnel de ma mère est figé à l'âge de neuf ans où elle a dû quitter la ville de New York. Mon père s'est marié avec une autre femme, et il m'a oublié. Plus précisément, on dit qu'il faut voir ses parents comme des êtres imparfaits quand on devient adulte, mais je n'arrive pas à même les comprendre comme tels. Et eux, ils sont devenus des esclaves à leur petitesse. A mon avis, ils étaient plus sains quand ils étaient ensemble et malheureux. Le narcissisme et le manque de maturité de l'un contrefaisaient la folie et le manque de maturité de l'autre. Maintenant qu'ils ont trouvé leurs partenaires, ils vivent dans un étrange mélange de regret optimiste d'où s'entre-voit un mal-être malhonnête et heureux. Comment leur parler sans nager entre deux eaux et se sentir entre deux feux.

Il y a une énorme orchestration dans ma vie qui me dérobe la compréhension. Cette orchestration m'impose une lutte. D'abord, je dissèque, puis je remonte, et je ne puis autrement.

Je vous dis que cette orchestration est en marche partout. Je la vois dans les journaux, dans les livres, chez mes collègues au travail, à la Toile, chez les membres des associations et des groupes de lecteur, chez les hommes politiques et malheureusement même chez les uns qu'on pense bons (avez-vous vu le désastre au Golfe ? N'a-t-il pas dit, M. Obama, il y a quelques mois, que le forage était un pont à la prochaine source d'énergie ?).

Cette orchestration va nous écraser. Et il me fait toujours penser à une exclusion sociale en permanence où on est obligé d'être entre deux feux et de nager entre deux eaux.

Pour ceux qui n'ont pas de mes ennuis, je vous souhaite une bonne continuation. Je veux ce que vous avez. Pour ceux qui en ont, je vous dis que nous pouvons reprendre nos esprit. Ce n'est pas si mauvais d'avoir des démons. En fait, je me demande si ce monde n'aurait pas besoin de nous, parce que nous savons où il y a une maldonne, il y avait une fois une donne. Où il y a une mésentente, une entente. Une incompréhension, une compréhension. Un malheur, un bonheur. Un désespoir, un espoir. Or dans cette orchestration nouvelle, où il y avait une construction, on nous force une déconstruction. Derrida nous ordonne qu'il n'y a pas de pardon pour l'impardonnable. Où il y avait un brassage des peuples et une multiplicités d'identités, il n'y a que des images stéréotypées et séparées.

Je dis, débloquez vos démons. Laissez-les noyer les cochons. On arrivera. Il ne nous faut que des mots justes et des idées bien écrites.

5 commentaires:

Delphine a dit…

J'aime votre billet emprunt d'espoir et surtout votre conclusion. Vous avez raison, mis à part le fait que tous, nous aurons tôt ou tard des ennuis et redécouvrirons l'essence des choses. la crise en remet plus d'un à sa vraie place dans mon entourage et ailleurs aussi. Cela nous rend plus... humain, plus vrais. L'exclusion sociale ne nous fait pas nager entre deux eaux mais nous permet de rentrer en nous-même pour nous recentrer et rechercher l'essentiel chez les autres. Bon courage Ren

Ren a dit…

Emprunt ? Mais, oui, pris en flagrant délit. Beaucoup de l'inspiration de ce billet est à vous. Merci Delphine.

Caro a dit…

Il y a de ces démons qui sont très dure à chasser.

Rosette ou Rosie, c'est pareil a dit…

Des mots justes pour parvenir à exprimer ces maux dont nos démons sont responsables...

Merveilleusement bien écrit, ce billet, comme d'habitude, d'ailleurs.

Grosses bises aux États en direct du Canada... ;)

Ren a dit…

Caroline, on arrivera.

Rosie ! Merci pour les bises.