mercredi 24 mars 2010

L'arnaque des tomates

Chaque année nous faisons un potager derrière la maison. Ce n'est pas grande chose. En fait, il mesure moins de deux mètres carrés, l'espace pour quelques herbes, une ou deux salades, et deux ou trois plantes grimpantes de tomate. Nous en faisons un minimum pour notre potager. Nous achetons des plants au lieu de monter en graine notre culture. Au début de notre saison jardinière, qui est bien loin après la date recommandée de faire les semailles, nous creusons un petit trou dans la terre, y mettons le plant, le recouvrons avec de la terre, l'éclaboussons et puis dans quelques semaines, si tout va bien, arriveront les fruits de notre travail.

Or il est trop évident, après plusieurs saisons agricole, qu'il est beaucoup plus difficile de récolter des herbes, des salades et des tomates que de les planter. Quant aux herbes et salades, je m'inquiète trop de la maladresse d'une récolte trop agressive, donc je les laisse pousser tout l'été. Un voisin m'a épié une fois à la fin de la saison. Il m'a interrogé à peu près innocemment sur les salades dans mon potager, puis il m'a informé que si l'on ne récolte les salades vite leurs feuilles devenait sur le champs plus amères et moins tendres. Je lui ai dit n'en avoir aucune idée, parce que je n'ai jamais touché la plante. J'étais content de la voir pousser. Il n'a eu plus rien à dire parce qu'il voyait bien qu'il avait affaire avec un drôle d'oiseau qui ne savait pas du tout entretenir son potager.

Bonjour madame oseille, comme vous êtes de plus en plus grande à la fin de cette année. L'oseille, c'est une plante vivace !

Malgré mon attitude laxiste, je suis fort encouragé de récolter le produit de notre terroir. De temps en temps, je reviens à la maison avec un panier plein de basilique dont il faut éplucher les feuilles de la tige et enlever les petits insectes et les chenilles vers avant d'en faire un fournée de pistou. Souvent je laisse pousser trop la basilique parce que la fabrique d'une fournée de pistou prend au moins un après-midi. D'ailleurs j'ai de plus en plus de recettes pour les tomates cerise. Or la récolte des tomates cerise est la plus difficile de toutes les plantes. Primo, pendant l'été il y a des essaims de moustiques affamées qui rendent la vie en plein air une véritable torture. Pour une seule tomate, deux piqûres. Si je suis absolument déterminé de faire une recette de gaspacho, je m'habille de pied à la tête, et de toute façon les maudites diables me piqueront au tempes. Deuxio, il faut beaucoup de patience de chercher les tomates mûres dans l'enchevêtrement des plantes grimpantes. Il est impossible de mettre les pieds à un bon endroit afin de ne pas écraser une autre plante et d'être bien situé d'enlever une tomate. Entre les piqûres et la frustration de trouver les tomates, c'est vraiment le bagne !

Un jour je récoltais les tomates, et comme mon voisin nouveau n'était pas à la maison, je suis allé à l'autre côté de la clôture métallique qui sépare nos jardins pour amasser les tomates. Comme il était facile de les trouver quand la clôture imposait l'ordre à l'enchevêtrement. Malheureusement, à l'instant de terminer mon travail, le voisin et ses deux filles sont rentrés à la maison.

« Qu'est-ce que tu fais dans notre jardin ? » demandait avec colère l'aînée. « Je voulais atteindre quelques tomates qui n'étaient pas accessibles de l'autre côté du jardin. Ça va ? » je lui ai offert avec honte. « Au moins que tu ne nous voles pas ce qui est à nous » était sa réplique.

Avant de terminer cette histoire de jardinage périlleux, je dois préciser quelques détailles sur mon voisin récemment installé à côté de nous. A l'époque, il était récemment divorcé de sa femme, qui l'a vraisemblablement planté là il y a quelques mois, et est répartie avec un autre homme avec qui elle s'est mariée un an après le divorce. A cause de son divorce ou d'une autre raison, il était tout à fait inaccessible. Chaque fois que je l'ai rencontré par hasard, c'était pénible de lui parler, et il répétait les mêmes blagues de mauvais goût ou qui révélait une hostilité mal dissimulée. Sa favorite était, « Joël, je vois que tu fais du jardinage. Peut-être tu veux continuer chez moi, quand tu y as fini. J'ai une pelle pour toi. Sois amiable et aide-moi. » À chaque reprise, j'ai férocement lutté pour cacher mon dégoût.

Et me voilà, en plein délit à l'autre côté de mon sanctuaire, les mains pleine de tomates cerise, et une famille désintégrée hostile en face. Quoi faire ?

J'ai balbutié, « Est-ce que vous en voulez quelques tomates ? » Impassiblement, il a pris de mes mains toute la récolte. Il m'a dit sèchement merci et puis toute la famille est entrée dans la maison. Ils ont claqué la porte et disparu avec les tomates et le bol. Bouche bée, j'ai essayé de trouver plus de tomates. J'en ai ramassé quelques-unes mais le lot de lion était chez mon voisin.

C'était la première arnaque de ma vie et je n'en reviens pas.

Aucun commentaire: