lundi 15 mars 2010

Le bon mari

Que la lumière soit ! Et la lumière fut.

Ce week-end était comme tous les autres. On se lève. Le matin nous nous séparons. J'allume l'ordinateur. Ma femme fait quelque chose dont j'ignore. Il me semble qu'elle met du désordre dans la maison. L'après-midi nous nous rejoignons pour déjeuner. En chemin au restaurant et à la table nous causons et après il faut décider quoi faire le reste de l'après-midi. D'habitude, je veux rentrer à la maison ma femme veut flâner les magasins et notre conversation amicale devient un gagne-terrain féroce parfois. Par exemple, je pense qu'il serait beaucoup plus facile de mettre la maison en ordre si nous avions beaucoup moins de choses inutiles. Ma femme pense le contraire. Il serait beaucoup plus facile de mettre la maison en ordre si nous achetons ce nouveau gadget qui promet de faire des miracles d'organisation. Comment résoudre ce jeu ? Allez au magasin et voir !

Je me souviens que la dernière fois qu'on s'est mis à jouer à ce jeu, je lui ai proposé de le décider à pile ou face. Nous sommes allés au magasin, mais je jure que la pièce n'a pas tourné une seule fois dans l'air. Elle m'a trompé !

D'habitude, sans l'aide d'une pièce on négocie.

- Si on allait au magasin ?

- Pourquoi faire ?

- Je veux regarder quelque chose qui pourrait être très utile.

- Mais non, je veux rentrer. Ne te fies pas à la publicité ! Cela ne marcherait pas.

- Mais, si !

- Mais, non !

À ce point, la discussion se décline en quelques terminaisons.

- Tu dis toujours « Non ».

- Non. Ce n'est pas vrai. Je dis « non » dans ce cas, mais je peux dire « oui » quelquefois.

- Mais, non !

- Mais, si !

Ou peut-être celle-là :

- Personne ne m'aime !

- Mais non ! Tu exagères ! Tu ne dis pas la vérité.

- Mais si !

- Mais non !

Ce week-end, pour une raison quelconque, j'ai cédé. Comment se fait-il que j'étais persuadé d'être mené bon gré mal gré à mon insu ? Elle aurait dû inventer une nouvelle terminaison. Celle de sacrifice partagé. Elle m'a dit, doucement, qu'il fallait aller à Bethesda pour revenir sur mes pas depuis que j'ai perdu mes lunettes. Nous sommes allés au dernier endroit où j'aurais pu les perdre. Elles n'y étaient pas, mais nous étions à côté d'un magasin qui vendait les carreaux pour la cuisine. Au magasin, je lui ai dit qu'il fallait revisiter Ikea pour voir leurs expositions de cuisine avant de choisir ce que nous voulions.

Dimanche après-midi, la même routine. J'avais dit qu'il fallait aller à Ikea, donc pourquoi pas regarder leurs lampes ? .

- Pourquoi une lampe ? Nous en avons assez.

- Mais, j'en veux une pour lire sur le divan.

- Qu'est-ce qu'il y a avec celle qui est dans le coin ?

- Je veux une lampe aux deux bouts du divan.

- « Regard interloqué »

Puisque nous y étions, il le fallait. Au début, rien ne m'a plu, mais finalement j'ai vu que nous pouvions cacher le mât derrière le divan. J'ai cédé. Maintenant, nous avons une lampe de plus dans la maison derrière le divan.

Sa lumière est très forte et éclatante. Assise sur le divan, un jeu de sodoku aux mains, elle m'a souri. « Tu vois, je peux voir très bien maintenant. Merci. Tu es un bon mari. »

Que la lumière soit ! Et la lumière fut. Et la femme a dit que la lumière était bonne. Amen.

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