dimanche 28 mars 2010

Rendu braque

Et la suite du dernier billet.

Tu te souviens que dans mon dernier billet, le héros de notre histoire se trouvait face à face avec une drôle de crise. Devrait-il continuer à écrire sur l'internet ? Trouverait-il plus de monde qui s'intéresse à partager leurs opinions avec lui ? Est-ce qu'il arriverait à comprendre ce qui se passe dans sa vie quotidienne et ensuite à savoir comment le décrire d'une manière plus intéressante et distincte que celle de l'inondation de l'opinion qui déborde déjà le lecteur de trop d'information inutile ? Est-ce que sa femme comprendrait son désir don-quichottique de voyager partout dans le monde virtuel en quête des aventures comme l'on avait fait à l'époque des diaristes-chevaliers errants ?

Un diariste errant, comme un chevalier errant, doit subir beaucoup d'épreuves de sa conviction et de son courage. Il doit former ses opinions, essayer de s'exprimer le mieux possible, et puis recevoir avec grâce l'humiliation des réponses démoralisantes. Le risque, que court volontiers le diariste errant, est de mélanger sa naïveté, ses tentatives initiales, et puis les réactions hostiles dans une sorte d'expérience universelle, mais dans ce monde si virtuel, si individualiste, s'il y échoue, il ne collectionne que des échecs. Et il expose inutilement au monde entier ses détailles intimes.

Est-ce que je vous ai dit, mon cher lecteur, que je lis "Don Quichotte" de nos jours ?

Et maintenant la suite de l'histoire.

Comme je disait dans le dernier billet, j'ai demandé à mon ami s'il voulait lire mon blog et le week-end suivant il m'a dit qu'il n'en avait pas retenu grand chose. Il y a une semaine notre héros semblait au bout du rouleau, son existence de diariste errant menacée de tous bords. Il lui semblait nécessaire de renoncer à l'écriture, ranger sa plume virtuelle, éteindre les lumières dans sa tête et aller regarder la télé réalité. Au dernier moment, il a suggéré à son ami, « Mais s'il faut lire un seul billet de mon blog, essaie celui-là. »

Il est vrai qu'il m'a laissé un commentaire sur le billet recommandé, mais seulement un. Soit. Aujourd'hui je lui ai parlé, et il m'a dit qu'il lisait les billets chaque jour. Ils lui plaisaient. Mais, à ce point il est devenu plus circonspect. « Est-ce que tu n'as pas peur de laisser trop d'information sur l'internet ? Si ton voisin découvrait qu'il était accusé d'être un arnaqueur des tomates ? Tu cours un risque de t'exposer trop, n'est-ce pas ? » Enfin, à mon avis, je suis aussi invisible dans le monde virtuel que dans le monde réel. J'ai fait une recherche pour le nom de mon blog sur google. Rien ! Mais il persistait délicatement que ces épanchements personnels ne sont pas discrets. « Peut-être serait-il plus sage d'effacer les traces de mon identité sur le blog ? » je lui ai proposé. Voilà une idée qui lui plaisait.

Et comme le chevalier de la figure triste, qui a été rendu fou par la lecture des romans chevaleresques, a dû changer son vrai nom à Don Quichotte, je dois changer mon nom aussi à force d'un amour fou de la France. Dès maintenant, je suis Ren du Braque (par l'écriture), diariste errant.

1 commentaire:

Frenchman fondly into English a dit…

http://www.ledevoir.com/loisirs/alimentation/61903/saveurs-le-fou-braque-du-fouvrac

C'est fou, tout ça en vrac, quel bric-à-brac !