vendredi 2 avril 2010

Les vertiges sur les ponts politiques


pont n. m. Construction, ouvrage reliant deux points séparés par une dépression ou par un obstacle... Fig. Ce qui sert de lien (entre deux choses). syn. intermédiaire.
—Le Robert
Cette définition n'exprime guère ni l'énorme foi et confiance qu'il faut vouer à nos ponts, ni l'énergie et les ressources utilisées que nos sociétés investissent pour les construire et maintenir. Avec les chaussées, les ponts ont leur propre école et un service public qui sont chargés de la construction et de l'entretien des voies publiques. Autrement dit, ils sont les artères physiques de notre corps social. On met un tel effort à les rendre sûrs et dignes de notre confiance, qu'on finit par les considérer comme allant de soi, comme on ne pense guère aux artères et veines de notre corps qui relient le sang du coeur aux extrémités et ramènent le sang des capillaires au coeur. Telle est l'importance de ces ponts.

Hier matin, sur la radio j'ai entendu dire le mot pont dans un contexte inouï. Le président a surpris ses partisans par sa décision de laisser construire des puits de pétrole dans les écosystems fragiles du côte Golfe de la Floride aux plages atlantique de l'état de Delaware. Il a également proposé l'installation des tours de forage dans les eaux froides de l'état de l'Alaska. Depuis 1981, les gouvernements successifs de Reagan, Bush, et Clinton pensaient bien garder le moratoire sur les forages en mer. Sous Reagan, on a instauré le moratoire. Sous Bush père, on a autorisé plus de protections, et sous Clinton le moratoire a été prolongé à 2012. Bush fils, notre président-entrepreneur, voulait rompre le moratoire. Il a osé de le rendre caduque au nom de notre dépendance du pétrole, mais il a échoué. Maintenant, c'est M. Obama qui a su surmonter les obstacles au développement contre lesquels avait buté M. Bush. Pour justifier cette volte-face, notre saint président nous a, d'un air solennel, prononcé que plus de construction des forages est un pont jusqu'à ce que ne soit développée une énergie alternative.

Ce n'est pas la première fois qu'un homme politique utilise le mot pont dans son sens figuratif. M. Clinton, pendant sa présidence, nous a tout le temps assené avec son fameux pont au vingt-et-unième siècle, mais la première fois qu'il nous l'a dit, il n'était pas un poncif. Il a dit, « Construisons un pont. Un pont assez fort et grand sur lequel tout Américain puisse traverser et arriver à une terre bénie de nouvel espoir. » Les sceptiques nous disaient que M. Clinton avait le don de la parole facile et parfois creuse. Tout cela est possible. Il y a, dans ces propos, quelque chose de remède de charlatan. Un pont n'est pas une voie à sens unique au-dessus des eaux troublées et dangereuses. Il est une voie qui fonctionne dans tous les sens, du présent au passé et au futur. Son pont était un appel à l'oubli, qui l'aidait à faire avaler son politique au public. Avant d'écouter leurs propos, il faut se souvenir d'une devise inexprimée de tout homme politique rusé : Oubliez, acceptez, et avancez aveuglement.

On sait très bien qu'Obama a su la puissance de cette mélange d'espoir et ponts, mais je ne savais à quel point il se prend pour un pont. Pendant la présidentielle il a même prononcé qu'il a passé son « entière vie d'adulte à essayer de jeter un pont entre toutes sortes de gens différents. C'est dans mon ADN, essayer de promouvoir la compréhension mutuelle. C'est qui je suis. C'est ce en quoi je crois. C'est le sens de cette campagne. »

Et quel sens de cette campagne reste dans l'administration Obama ? Faut-il construire un pont entre les paroles de la présidentielle et les actes de son administration ? L'écart entre ses promesses écologiques et sa volte-face récente nous décèle les dangers de ses joutes verbales pyrotechniques. Nous autres américains, qui se préoccupent de l'avenir de l'environnement, nous étions effrayés par l'hostilité de l'époque Bush et puis l'espoir des années Obama nous a soulagé pendant la campagne. Et maintenant, nous avons des vertiges sur ce pont entre le présent et l'avenir, n'est-ce pas ?

Je me demande où est l'Obama futur qui puisse nous guider à redescendre le pont actuel que l'Obama actuel a construit afin que nous puissions mettre les pieds en terrain sûr.

Aucun commentaire: